Médaille d'or dans la sous-catégorie « Vie de tous les jours »
Cette série de photographies documente la béliomachie en Tunisie, une pratique à la fois ancrée dans les traditions populaires et controversée. Popularisée dans les années 1970, elle s’est progressivement imposée comme un phénomène culturel, rassemblant des foules de passionnés. Le principe est simple : deux béliers s’affrontent jusqu’à ce que l’un impose sa domination sur l'autre. Le combat n’a pas de limite de temps, il prend fin dès qu’un bélier montre un refus manifeste de combattre ou subit une blessure. Derrière cette brutalité apparente, se cache un univers plus complexe. À travers cette série, l’objectif est de saisir l’ambivalence qui entoure cette pratique. D’un côté, la violence des affrontements, la tension palpable, le choc des cornes sous les cris de la foule. De l’autre, une forme de tendresse presque inattendue : celle des éleveurs qui prennent soin de leurs animaux avec une rigueur professionnel et la création d'un lien affectif fort entre les animaux et leurs maitres qui soignent, entraînent et nourrissent méticuleusement leurs béliers. Bien qu'illégale, la béliomachie continue de prospérer, en particulier dans les quartiers populaires. À l’instar des matches de football, les combats de béliers, au-delà du divertissement, possèdent une forte dimension sociale. Les béliers incarnent la fierté collective et le prestige du quartier qu’ils représentent. Mais elle divise. D’un côté, les passionnés défendent leur tradition, mettant en avant l’amour et les soins qu’ils prodiguent à leurs bêtes. De l’autre, les défenseurs du bien-être animal dénoncent la cruauté des combats et les souffrances infligées. Cette série ne cherche ni à condamner ni à glorifier. Elle interroge. Elle donne à voir les nuances, les contradictions, les visages de ceux qui vivent cette passion et s'expriment sur la relation qu'ils entretiennent avec leur bélier de combat. Elle révèle un monde où la brutalité cohabite avec l’affection.
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