« Photographe Maghreb » de l'année
Je suis née et j'ai vécu en Algérie jusqu’à mes 7 ans, puis, en 1993, nous nous sommes réfugiés en France. Par la suite, nous y sommes retournés jusqu’à mes 10 ans. Et puis mes parents ont cessé de m’y emmener. Longtemps, des souvenirs me sont revenus par éclats. Mais il fallut un certain cheminement mental pour envisager un cheminement géographique. C’est en automne 2014 que j’ai franchi le cap, après 17 ans d’absence.
A Alger, j’habite rue Belouizdad, dans un quartier populaire. Je retrouve mes tantes, H. et N. Depuis la mort de leur sœur il y a deux ans, elles ont rejoint son appartement pour ne plus le quitter. Il y a aussi B. qui était la garde-malade de ma tante décédée, et qui est restée. Cette série photographique s’inscrit dans ce petit appartement dans lequel nous vivons à quatre, quatre femmes : N., H., B. Il y en a deux qui fument, une qui prie, et moi, qui me réconcilie avec mes souvenirs dans un monde qui m’est à la fois familier et étranger. Je fabrique des images en dépit du temps perdu, en travers de mes images mentales. Après ces quelque 18 ans d’absence, je fixe par l’image ce qui ne doit plus être oublié.
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