Médaille de bronze dans la sous-catégorie « Essai Photographique »
Je savais que ma grand-mère était atteinte de la maladie d'Alzheimer quand je suis revenue en Algérie après huit ans d'absence. Mais je n'avais pas idée de l'impact dévastateur de la maladie jusqu'à que je le vois de mes propres yeux. Notre famille et notre maison aussi semblaient tomber en ruines. Même notre président. Dehors en revanche, le paysage était peuplé de ruines comme de villas et de nouveaux immeubles qui poussaient, toujours plus nombreux. La joie envahissait les rues tous les vendredis lors de ce qu'on a appelé la "révolution du sourire". Tout semblait en ébullition après des années de stagnation. C'était 2019, l'année de tous les possibles. Mais dans notre petite ville et au sein du cercle familial le pessimisme, voire le désespoir régnaient. J'ai senti le besoin de capturer ce contraste saisissant entre espoir et désillusion, ruines et renaissance, et entre la façade et ce qui se cachait derrière pour essayer d'en faire sens. Un an plus tard, après la mort de ma grand-mère, ma mère a elle aussi basculé dans la démence. Et la question qui me taraude depuis est de savoir si l'histoire (avec un petit comme un grand H) se répète indéfiniment, auquel cas ces photos ne sont pas seulement une trace du passé mais aussi l’image du futur qui m'attend.
Si non, elles sont une preuve que les choses peuvent être différentes.
BACK TO GALLERY