Médaille d'or dans la sous-catégorie « By the Mediterranean Sea »
L’étang de Berre, à l’ouest de Marseille en bordure de Camargue, a été jusqu’aux années 1950 un paradis provençal. C’est aujourd’hui une des régions les plus polluées d’Europe : les ports et les industries sidérurgiques et pétrochimiques contaminent l’eau, l’air, la terre. Photographies de la catastrophe interroge cette trajectoire, véritable archétype de l’Anthropocène.
Dans les années 1980, le ministère de l’environnement s’inquiète des conséquences des chocs pétroliers sur le paysage provençal. Il commande une étude à Michel Peraldi, anthropologue. Marqué par le projet de la mission DATAR, il décide d’accompagner son étude d’une documentation photographique abondante. Trente ans après, en 2019, il me propose de reprendre cette démarche.
Les images de Michel Peraldi, en noir et blanc, datent des années 1985-1989. Elles montrent le gigantisme des usines et des infrastructures construites mais aussi le vide qui les entoure, stigmate d’une hypermodernité qui se définit d’abord par la déprise de l’humain. En une génération cependant, il apparait clairement que les enjeux ont évolué : les conséquences écologiques et sanitaires de la brutalisation industrielle de la région se font sentir. Les énormes complexes industriels semblent en recul, laissant apparaitre de nombreuses friches et ruines. Pourtant l’état de santé de la population est « fragilisé », avec des taux anormalement élevés de cancers : la pollution est importante même si elle n’est pas toujours visible. Car à côté des fumées noires des usines, il existe une pollution aux particules ultra fines, invisibles et bien plus dangereuses, qui est devenue la marque des pollutions actuelles. Par définition rétive à toute captation spectaculaire, elle nécessite d’interroger nos représentations de la catastrophe et d’élaborer un nouveau langage photographique.
Ce projet a été soutenu en 2021 par la bourse du CNAP pour la photographie documentaire.
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