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MAGHREB PHOTOGRAPHY AWARDS

Interview Tarek Zaigouche - Maghreb photographer of the year 2018

Depuis combien de temps fais-tu de la photo? Comment en es-tu venu à utiliser ce médium pour t'exprimer ?

Même si j'ai toujours été fasciné par le pouvoir d'immortaliser des instants de vie, la photographie fait partie intégrante de mon quotidien depuis peu. Il y a 6 ans, j'ai acheté mon premier appareil photo pour avoir de meilleures photographies de voyage. A ce moment-là, je n'avais absolument aucun autre objectif que de revenir avec de belles photos de vacances ! J'ai commencé à capturer les lieux et les paysages que je visitais. Cela m'a aidé à apprendre et à maîtriser les réglages de l'appareil photo ainsi qu'à comprendre les principes de ce qui rend une image « belle ».

Il y a environ 4 ans, j'ai découvert le portrait. J'ai voulu le pratiquer durant mes voyages. Très vite, j'ai ressenti l'urgence de photographier les gens dans des moments plus vrais, sans les faire poser, sans perturber la scène.
Sans pouvoir véritablement l'expliquer et sans m'en rendre compte, après une année de pratique, je suis devenu totalement addict !

Une fois à l'aise avec la technique, j'ai commencé à m'interroger sur ce que je désirais photographier. Cette simple question : « Quel est le sujet le plus important pour moi ? », m'a conduit vers des réflexions, une introspection plus profonde. Qu'est-ce qui me différencie d'un autre photographe ? Quelle est mon histoire ? Qu'est-ce que j'ai à raconter ? Qui suis-je ?

J'avais 10 ans quand ma famille et moi avons quitté notre pays d'origine, l'Algérie, pour vivre en France. Ces deux nations sont très différentes sous plusieurs aspects, tels que la langue, la tradition, la culture, l'histoire, la religion, la nourriture, l'architecture, etc.

Malgré tout cela, ma famille et moi avons réussi à refaire nos vies et la France est devenu notre autre pays. Je vois personnellement cela comme une grande chance que de pouvoir comprendre les deux rives. Je ne suis pas 50% algérien 50% français ni 100%/0%; Je me sens complètement 100% français et 100% algérien. Je me sens en fait chanceux d'avoir gagné cette ouverture d'esprit. C'est je crois cela qui me pousse à être curieux et ouvert aux autres.

Je photographie désormais la rue presque tous les jours avec l'intention de raconter des histoires qui résonnent en moi qu'elles se trouvent à l'autre bout du monde ou juste au coin de ma rue.

Où trouve-tu ton inspiration en général? Quels sont les artistes qui t'inspirent ?

Je trouve mon inspiration dans la banalité du quotidien, c'est à dire en fait dans l'infinité des opportunités photographiques. Je pense que je suis inlassablement à la recherche de l'émotion que j'éprouve quand j'ai une bonne photo totalement inattendue. Un moment sans aucune importance mais qui, mis en image à un instant précis et selon un certain angle de prise de vue peut prendre une autre dimension.
Déclencher la photo pour moi c'est comme affirmer à chaque fois qui je suis à travers des images que j'ai décidé de capturer.

De nombreux photographes m'inspirent bien sûr. Leurs images me font évaluer les miennes avec beaucoup d'humilité. Ils me montrent le chemin et me mettent au défi de progresser jour après jour.
J'admire le travail de Garry Winogrand. Son dévouement à cet art est la mentalité dans laquelle je cherche à me mettre.
J'adore Alex Webb pour sa capacité à capturer l'essence d'une scène complexe et à raconter des histoires fascinantes. Son livre « The Suffering of Light » est l'un de mes préférés.
David Alan Harvey est fantastique, ses images de Cuba m'ont fait y aller il y 2 ans.
Les photographies de Harry Gruyaert m'ont appris à utiliser la couleur.
La photographie documentaire de guerres de Sebastiao Salgado a eu beaucoup d'impact sur moi.
Je suis un grand fan aussi de l'humour que Matt Stuart parvient à transmettre dans ses photographies de rue. Plus récemment, j'ai suivi un workshop à Londres de Vineet Vohra. Sa vision est exceptionnelle. Son travail en Inde est l'un des meilleurs que je connaisse. Il m'a souligné l'importance de laisser l'image venir à moi au lieu de lui courir après; c'est-à-dire de prendre conscience de ce qui me touche et d'être toujours prêt à le saisir.

Raconte-nous dans quelles circonstances tu as décidé de commencer ta série « The Streets of Morocco » ?

Je n'ai pas vraiment choisi de commencer cette série sur le Maroc, elle s'est comme imposée à moi. Chez nous on dirait « el mektoub » :).

En fait, bien sûr, étant algérien de naissance et vivant actuellement en France, j'aspire à découvrir les pays musulmans à la recherche de cette tradition ou plutôt de ce qui fait une tradition. La composante importante pour moi c'est de comprendre comment la tradition s'exprime et évolue au quotidien, dans le réel des vraies gens, sans folklore. Et dans la rue, tout est vrai.
C'est après plusieurs voyages photographiques au Maroc lors des 3 dernières années que certaines images se sont fait écho à elles-mêmes. Elles témoignent de ce qui m'a personnellement marqué dans ce pays : un fort attachement à la tradition et à la culture avec en même temps un désir vigoureux de modernité. Ces deux forces qui très souvent, semblent s'opposer dans les pays majoritairement musulmans, cohabitent au Maroc, voire même s'additionnent pour donner une dynamique positive et rayonnante !

Quels sont tes projets à venir ?

Je vais continuer à prendre du plaisir à photographier pour moi avant tout! Cette première série sur le Maroc m'a fait prendre conscience de l'importance de continuer à approfondir cette idée et de visiter d'autres pays du Maghreb et au delà.

Que penses-tu du concours Maghreb Photography Awards ?

Je pense que ce concours contribue à mettre en valeur le Maghreb sur le plan culturel. Il montre au reste du monde qu'il y a une volonté claire d'être connu internationalement et de devenir un rendez-vous incontournable !
C'est aussi une superbe opportunité de découvrir de nouveaux talents qu'ils soient nord-africains ou même d'ailleurs puisqu'il est aussi ouvert à des artistes étrangers ayant photographié nos beaux pays. Ce qui m'a personnellement beaucoup plu c'est de voir que la projection sur Ecran géant était ouverte à tous les habitants d'Essaouira. C'était magnifique et touchant de voir les yeux émerveillés des gens venus en famille découvrir les photos des lauréats! Un grand bravo à toute l'équipe pour l'organisation et merci infiniment pour ce prix qui compte beaucoup pour moi !

LE MONTANT TOTAL DES RECOMPENSES POUR 2023 S'ÉLEVE A 1000$
DATE LIMITE DE PARTICIPATION LE 20 AVRIL 2023 - PARTICIPEZ MAINTENANT